Si j’ai passé un mois en Chine, je n’ai pas, pour des raisons familiales, pu visiter beaucoup d’endroits différents. Mes anecdotes sont donc à prendre telles quelles, ce sont des impressions qui ne reflètent pas forcément la réalité du pays…
Le calendrier traditionnel chinois est de type lunaire, chacun des mois de ce calendrier couvrant un cycle complet de la lune, le 15e jour étant systématiquement le jour de la pleine lune. Bien que la République Populaire de Chine ait adopté le calendrier grégorien pour ses affaires courantes et administratives, le calendrier traditionnel reste de mise pour les festivités. Ainsi le Nouvel An chinois, par rapport au calendrier grégorien, oscille entre fin janvier et courant février. Posons directement les bases des festivités avant de nous pencher sur la veillée : les réjouissances durent cinq jours avec, pour chacun d’eux, ses rites. La Chine entière est en vacances pendant ces cinq jours et si certains magasins ouvrent quand même, ils ferment leur porte dès 14 h. La dernière étape du Nouvel An sera la Fête des Lanternes qui a lieu le 15e jour du premier mois de l’année et, si vous avez suivi, vous en aurez déduit que cela coïncide avec une nuit de pleine lune.
Les traditions changent évidemment un peu d’une famille à l’autre et ce qu’on assimile aux traditions chinoises correspond surtout à la tradition Han qui constitue l’ethnie majoritaire en Chine. Les cinquante et quelques autres ethnies ont parfois des rites différents. Chez les Han, voilà à peu près ce qui se passe : tout d’abord, on décore l’entrée de la maison, du magasin ou de l’administration où l’on travaille, d’un grand sinogramme représentant la bonne fortune collé à l’envers, alors synonime de « ce qui arrive ». On y ajoute aussi trois banderoles : un titre et deux phrases parallèles écrites à la façon des poèmes de la dynastie Tang invoquant, la chance, la santé, la réussite, etc. Certains iront même jusqu’à en coller sur leur voiture. L’autre décoration populaire qui fleurit aux quatre coins de la ville, c’est la fameuse lanterne rouge que l’on illumine à la nuit tombée. Seules les maisons des familles ayant perdu un de leurs membres dans l’année ne sont pas décorées.
Ensuite vient le moment de s’occuper de la nourriture. Pour la veillée, on commence par un petit déjeuner copieux avec quatre, six ou huit plats. On y compte des légumes, de la viande est surtout du poisson qui sera de bon, encore par un jeu d’homonymie. Une fois le petit déjeuner passé, on dispose d’une quantité confortable de petites choses à grignoter pour patienter jusqu’au dîner : des graines de tournesol, des pignons de pin, de cacahuètes, des biscuits, des petites choses salées est. Le dîner n’arrive pourtant pas tard, car ici, de manière générale, on dîne tôt, mais, pour le Nouvel An, ce sera encore plus tôt… À partir de quatre ou cinq heures, en ayant pris soin de sauter le déjeuner, où l’on mangera de nouveau de tout comme au petit déjeuner. Il faut alors penser au dernier plat traditionnel et incontournable du Nouvel An : les raviolis ! Si la farce et la pâte n’ont pas été préparées en même temps que le dîner, il est temps de le faire pour avoir fini avant vingt heures.
À vingt heures, tout le monde se met devant la télévision pour regarder le gala du Nouvel An pendant lequel on ne tardera pas trop à transformer farce et pâte en une bonne quantité de raviolis qui seront cuits à onze heures passées pour être dégustés à minuit pile au passage d’une année sur l’autre. C’est aussi l’heure parfaite pour l’apothéose des explosions de pétards et de feux d’artifice. Loin de ce que l’on achète en France, il faut imaginer des pétards Mammouth montés en mitraillette. On peut trouver des montages de plus de 5000 pétards qui se terminent par une boîte contenant le bouquet final. Le but du jeu est de faire un maximum de bruit. Le résultat est un tapage monstrueux et une grosse quantité de fumée qui, de carrefour en avenue, pique un peu la gorge ! Les feux d’artifice, quant à eux, sont généralement rassemblés dans un carton carré ou cylindrique, de taille variable, mais importante. Je n’ai rien vu de moins de 30 cm de diamètre ou de côté. La face supérieure est construite en nid d’abeille et chaque alvéole abrite une fusée. Il suffit alors de mettre le feu à l’unique mèche pour déclencher un tonnerre de tirs irrégulier qui libérera ses fleurs de feu en plein milieu des rues. Au début, on se croit presque témoin d’une guerre tant il y a d’explosion de toute part. Mais, c’est tellement fréquent à cette période de l’année, que l’on s’y habitue très vite. Une fois consommés, des balayeurs s’affairent pour rassembler les confettis rouges en de petits tas fumant pour ne pas envahir la chaussée. La légende veut qu’au passage d’une année à l’autre, un monstre vienne et que pour l’effrayer il faille l’effrayer. Il craint le bruit, le feu et la couleur rouge… À vos artifices !
Avant de terminer, et pour ceux qui ne connaissent pas, j’aimerais faire un petit aparté sur le gala à la télévision. Transmis en vrai direct par CCTV1, il dure cinq heures sans interruption ni publicité de 20h à 1h du matin. Cette émission est composée de trois grands types de représentations. D’une part, il y a beaucoup de musique. De l’opéra chinois perpétué depuis la nuit des temps; de la musique traditionnelle interprétée par des chanteurs à la retraite ou, au contraire, populaires; des chants patriotiques et de la musique résolument moderne. D’autre part, il y a des représentations très spectaculaires d’acrobatie (ou de kung-fu), qui ferait pâlir d’envie les plus du cirque de Monaco. On y trouvera des sauts, de l’équilibre, de la souplesse et toutes autres compétences qui défient les lois élémentaires de la physique et de la pesanteur. Enfin, des séquences comiques, grande spécialité du nord de la Chine, qui ressemblent à notre théâtre avec plusieurs comiques qui évoluent dans un décor de mise à scène. Quel que soit le type de représentation, l’idée générale est de célébrer le courage de chaque composante de la population. On y verra alors des enfants danser, des centenaires encourager les plus jeunes, des ouvriers de chantier chanter, des soldats faire des acrobaties, etc. Les bonnes relations familiales sont mises en scène et tout ne se termine toujours pas une note positive et encourageante pour la nouvelle année. Il y a même eu un jeu comique assuré en parfait chinois mandarin par de purs étrangers (Européen, Africain et Américain)…
2 réponses sur « Le Nouvel An chinois »
Merci pour ce long et intéressant article Nico. Je t’invite à le relire parce que j’y ai vu quelques fautes de frappes. Comme celle ci « de 20 huées à une heure du matin » 🙂
Merci, je viens de relire et j’ai effectivement relevé quelques coquilles, si tu en vois d’autres, n’hésite pas !